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Conte Zen

Posté : 27 Déc 2017, 16:26
par Dokaz
Il était une fois deux moines qui se promenaient dans le jardin d'un monastère taoïste. Soudain, l'un des deux aperçut par terre un escargot traversant leur chemin. Son compagnon était sur le point de l'écraser par inadvertance quand il le retint à temps. Se baissant, il ramassa l'animal.

— Regarde, nous avons failli tuer cet escargot. Or cette bête représente une vie et, à travers elle, un destin qui doit se poursuivre. Cet escargot doit survivre et continuer ses cycles de réincarnation.
Et, délicatement, il reposa l'escargot dans l'herbe.
— Inconscient ! s'exclama, furieux, l'autre moine. En sauvant ce stupide escargot, tu mets en péril les salades que notre jardinier cultive avec tant de soin. Pour sauver on ne sait qu'elle vie tu anéantis l'oeuvre d'un de nos frères.

Tous deux se disputèrent alors sous l'oeil curieux d'un autre moine qui passait par là. Comme ils n'arrivaient pas à se mettre d'accord, le premier moine proposa :

— Allons référer de cette affaire au grand prêtre, lui seul sera assez sage pour décider qui de nous deux a raison.

Ils se rendirent donc chez le grand prêtre, toujours suivis par le troisième, intrigué par cette affaire. Le premier moine raconta comment il avait sauvé un escargot et donc préservé une vie sacrée, recelant des milliers d'autres existences futures ou passées. 
Le grand prêtre l'écouta, hocha la tête, puis énonça :

— Tu as fait ce qu'il convenait de faire. Tu as eu raison.

Le second moine bondit.

— Comment ? Sauver un escargot dévoreur de salades, dévastateurs de légumes, serait une bonne chose ? Il fallait au contraire écraser l'escargot pour protéger ce potager grâce auquel nous avons chaque jour de bonnes choses à manger !

Le grand prêtre écouta, hocha la tête et énonça :

— C'est vrai. C'est ce qu'il aurait convenu de faire. Tu as raison.

Le troisième moine, qui était resté silencieux jusque-là s'avança :

— Mais leurs points de vue sont diamétralement opposés ! Ils ne peuvent pas avoir raison tous les deux !

Le grand prêtre considéra longuement ce troisième intervenant. Il réfléchit, hocha la tête et énonça :

— C'est vrai. Toi aussi, tu as raison.

Re: Conte Zen

Posté : 27 Déc 2017, 19:05
par Ise
J'ai connu un smiley qui portait un chapeau chinois et faisait oui : je le colle ici en mode subliminal ;)

Re: Conte Zen

Posté : 27 Déc 2017, 22:21
par majastre
ça s'appelle de la diplomatie ... :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:

Re: Conte Zen

Posté : 27 Déc 2017, 22:23
par majastre
l'autre soir un pote rentrant chez lui a près le réveillon m'a dit j'etais tellement bourré au point que je me suis arrête un quart d'heure sur la route pour laisser traverser un hérisson avant de m'apercevoir que c’était une pomme de pin !!!
je lui ais répondu qu'il avait de la chance car finalement elle avait traversé assez vite!!! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:

Re: Conte Zen

Posté : 28 Déc 2017, 14:17
par Dokaz
C'est vrai, Majastre, on peut lire ce conte ainsi : le grand-prêtre est diplomate. Mais je pense que c'est plus fort encore : il ne tranche pas. D'où la question : pourquoi ? Trancher : quel vilain verbe. Couper, séparer, écarteler, diviser, etc.
En donnant raison au troisième moine, est-ce qu'il se désavoue ? Sur un plan logique, monologique, oui. Mais en fait, non : le premier moine est dans une logique religieuse et philosophique. Le deuxième dans une logique économique et pratique. Le troisième se contente de la logique...logique. C'est à cause du croisement de toutes ces logiques, métaphore de la pluralité des êtres, des sociétés, que tout le monde a raison, même si ça heurte notre éducation cartésienne.